L’ENFANT,

Il marchait à pas lent sur le bord d’un chemin

Le ciel était très pur mais l’air était très chaud ;

Traînant ses pieds lassés comme un pesant fardeau,

Un bienheureux talus vint lui tendre la main,

Au pied d’un arbre en fleurs, seul témoin en ces lieux.

*

L’homme était là pensif depuis quelques minutes

Quand, portant ses regards sur les bords de la butte,

Il vit un enfant blond aux traits mystérieux.

L’enfant était petit, il avait de grands yeux ;

Des yeux rieurs et doux et à la fois sérieux,

Chargés d’un lourd passé et empreints d’innocence,

Mélange d’âge mur à celui de l’enfance.

Lorsque l’enfant sourit, alors il lui parla ;

Lui demanda son nom et que faisait-il là ?

L’enfant ne parlait pas. Il bourdonnait plutôt :

Une sorte de bruit ressemblant à des mots.

*

L’homme le prit vers lui, l’enfant se laissa faire

Et s’assit près de lui -cela sembla lui plaire-

Se mit à bourdonner dans le creux d’une oreille,

Il parut confier lentement un message.

L’homme écouta longtemps, ému, ce bruit d’abeille

Qui sortait de la voix de cet enfant sans âge

Et qui lui déroulait le tissus de son être,

Alors que lentement il se sentait renaître.

*

Le soleil était bas, tout près de l’horizon

Lorsque l’homme sortit de lui même, étourdi ;

L’enfant était parti mais là, tout contre lui,

Où le petit avait écrasé le gazon,

Son empreinte marquait le lieu de sa présence.

Et l’homme ne trouva raison de cette absence

Mais portant son regard vers un coin du ciel bleu,

Un nuage léger lui parut radieux.

Et il sentit en lui toute une connivence

Entre cet enfant blond, celui de son enfance,

Et l’homme qu’il devint dans sa longue existence :

Un résumé de lui dans un ange gardien.

Rencontre avec lui même, et pour le temps qui vient.

Champagne mai 2004