FEUILLE BLANCHE
*
Devant sa feuille blanche, l’inspiration s’arrête ;
Et il attend.
Il sait qu’il doit attendre, s’il veut rester poète,
L’événement !
Viendra-t-il du dehors ? Viendra-t-il du dedans ?
*
Un léger bruit :
Pétale d’une fleur tombée d’un vase blanc ;
Il est conduit,
Dans ses humbles pensées, à diriger sa tête
Vers le jardin
Aussi blanc que sa feuille ; jardin rempli de neige ;
Mais c’est la fin
Le printemps va, demain, ouvrir les pâquerettes
Et le cortège
Du peuple des prairies : tous les petits vivants,
Sous feuilles mortes.
*
Son souffle revenu ; son papier toujours blanc.
Des efforts vains
Pour vouloir exalter les ardeurs du printemps
Dans son jardin.
*
L’esprit, alors , mystérieusement , le porte ,
Vers le dedans .,
Détournant, inspiré, ses yeux de la fenêtre,
Ouvre la porte
De ses chères pensées ; il sait qu’il faut renaître :
Pour reconnaître,
En chaque jour nouveau, le don qu’il nous apporte.
*