Georges LEMAITRE : Père du Big-Bang,

 

Dans le cadre de l’UCSF (Union Catholique des Scientifiques Français) que présidait Louis Leprince–Ringuet, le chanoine Georges LEMAITRE vint faire deux conférences en mai 1948 la première se tint à Marseille, devant un très large public très enthousiaste. Chargé de l’organisation de ces deux conférences je pus obtenir qu’il prononce la seconde le lendemain devant les universitaires de notre ville.

Disciple et émule d’Albert EINSTEIN, LEMAITRE (1894/1966) avait élaboré une théorie cosmologique basée sur le fait que si les galaxies s’éloignaient les unes des autres avec une vitesse proportionnelle à leur distance c’est qu’une formidable explosion avait eu lieu à l’origine des temps (un énorme Big-Bang) celle d’un gigantesque atome condensant en lui toute l’énergie de l’Univers lequel se trouve encore en expansion depuis 15 milliards d’années.

LEMAITRE était une célébrité internationale. Professeur à l’Université de Louvain ; il fut et reste comme l’un des fondateurs de la théorie actuelle du Big-Bang en proposant une origine quantique de l’Univers sur laquelle repose la cosmologie moderne.

Dans notre cité, sa conférence fut également des plus brillantes et quoique établie sur des bases mathématiques difficiles à comprendre, elle détermina l’enthousiasme des auditeurs et se termina par une envolée poético-mystique selon laquelle le doigt de Dieu se trouvait au sommet de la coupe de l’espace-temps.

Aussitôt après, l’abbé fut entouré comme un personnage de premier plan. J’eus alors la surprise d’être abordé par un collègue du lycée, militant politique déclaré, qui reconnut que Georges LEMAITRE était un génie et ajouta en conclusion :  "Quel dommage que ce soit un prêtre ", marquant ainsi une bien douteuse indépendance d’esprit.

Après le repas pris avec lui, chez nous en famille, nous avions convié quelques amis à venir prendre le café ; je les savais heureux et curieux de faire la connaissance du célèbre abbé Lemaître. Le chanoine, assis dans un profond fauteuil, peu bavard, garda les yeux mi-clos tant que ses interlocuteurs crurent devoir lui parler religion et se réveilla soudain lorsque la conversation roula sur les sujets cosmologiques il se prêta ensuite à la photo de famille que chacun des participants attendait.

Nous restâmes ensuite, Lemaître et moi, en relation épistolaire ; il m’envoya de temps à autres quelques unes de ses œuvres dédicacées et tandis que je voguais vers d’autres cieux, il continua à grimper au firmament des célébrités scientifiques.