NAISSANCE

Un très léger parfum flotte dans l’air du soir ;

C’est l’instant émouvant ou la lune se lève,

Apportant avec elle un cortège de rêves .

Sur ce rocher désert Monique vient s’asseoir

Elle porte en son sein de très chers espoirs ;

Faisant face à la mer que la lune sillonne

De ses reflets mouvants elle voit la personne

Que deviendra l’enfant, comme dans un miroir.

Elle le voit petit, dans ses bras, qui frissonne,

Se blottit ; c’est son sang ; il est tout son amour :

Elle voudrait le garder, là, dans ses bras, toujours.

Elle le voit encore jouer sur ses genoux ;

Ses grands yeux étonnés sont ceux de son époux ;

Mais que deviendra-t-il plus tard ? Oh ! Elle n’ose

Pas vraiment y penser, mais encore, tout de même,

Pourquoi donc cet enfant, serait-il autre chose

Qu’un enfant très doué et voué aux succès ?

Mais un acte de Foi l’écarte des excès,

Car elle veut surtout que l’enfant soit heureux,

Honore ses parents et adore son Dieu,

Que son développement tende à épanouir

Son être de raison et sa Foi, pour grandir.

La nuit devient complète et le ciel étoilé

Vers lequel soudain ses yeux se sont tournés

Induit en son esprit une ardente prière

Telle que peut en faire la meilleure des mères.

Elle entend qu’on l’appelle, alors elle se lève :

Sa villa n’est pas loin, à deux pas de la grève

Ses serviteurs sont là pour venir la chercher.

Elle reviendra un jour s’asseoir sur un rocher.

*

L’enfant est devenu un étudiant modèle

Puis un brillant rhéteur et maître incontesté,

Il n’a pas, en amour, des sentiments fidèles

Il a de la débauche acquis la volupté.

Monique sa maman, ne veut désespérer ;

Sans cesser de prier pour cet enfant qu’elle aime

Elle n’a jamais douté qu’il reviendra lui même

Reconnaître ses torts vers sa mère éplorée.

*

Ce fut fait quand un jour il est venu s’asseoir

Tout auprès de Monique, devant la mer étale

Il vient se confesser . Dans la tiédeur du soir

Ils regardent tous deux, la lune et les étoiles,

L’Esprit les réunit dans la même clarté,

Dans l’amour mutuel et dans la Vérité.

Il doit à sa maman tant de reconnaissance !

Et se sera pour lui une vraie re-naissance.

*

Par l’amour courageux d’une sainte Monique

Son fils est devenu le plus grand saint d’Afrique

Tu nous as crées pour toi, ô mon Dieu, et notre cœur est dans l’inquiétude tant qu’il ne se repose en toi. (Saint Augustin)

Champagne – février 2001