Philippe PETAIN

En juillet 1941, le chef de l’Etat, Philippe PETAIN, rendit visite à notre ville . Il y eut d’abord à cette occasion une cérémonie religieuse à la cathédrale. Ayant pu me procurer par un ami bien placé un coupe file, il me fut aisé d’être aussi en très bonne place pour voir que le chef de l’Etat était reçu comme un dignitaire de l’Eglise par notre Archevêque, son fauteuil étant dans le chœur en face de celui du prélat.

Le discours de ce dernier ne fut qu’encensement et louanges du commencement à la fin, traitant son hôte d’homme providentiel, alors que je percevais avant tout un vieillard fatigué par les déplacements qu’on lui imposait. Je priais secrètement pour cet homme accablé d’honneurs, afin que son esprit ne sombre pas dans l’orgueil, qu’il ne soit pas grisé par le pouvoir et que seul compte pour lui le salut du pays.

J’ai cru à la sincérité de PETAIN- comme la majeure partie des français d’ailleurs- quand il fit don de sa personne à la France ; mais j’ai été amené ultérieurement à conclure qu’il avait, l’âge aidant, manqué de clairvoyance et de fermeté pour débusquer les néfastes magouilles de certains politiciens de son entourage, et, pour se laisser berner par l’Allemagne. C’était avant tout un valeureux militaire et un très vieil homme.

Il y eut une réception à l’Université. Applaudi par les enfants des écoles , une photo de presse le montre à la sortie en tête du cortège avec le préfet à ses côtés et derrière lui le corps constitué des doyens de Faculté ainsi qu’une suite de professeurs d’Université .

Arrivé sur la plus grande place de la ville où se rassemblèrent combattants et légionnaires ainsi que de gracieuses femmes en costume provençal, le tout entouré par la foule. un compliment fut lu par une fillette et un bouquet de fleurs fut offert par une autre fillette émue et indécise que je dus, en raison de ma proximité de cette scène, amener jusqu’aux mains du chef de l’Etat qui gagna alors une estrade où il prononça une courte allocution. Tout le peuple applaudit avec ferveur, celle qui régnait encore unanimement , en ce temps là, en zone libre. J’appris, par la suite, qu’entre deux manifestations le Maréchal éprouva le besoin de se reposer tant l’âge pesait lourdement sur sa personne ; étant très prés de l’estrade, je vis ce délabrement et cette volonté militaire de faire face.

Au fond et à l’époque, j’étais satisfait d’avoir, sans intention préalable mais surtout par curiosité, participé à cet événement historique dans notre ville. La suite eut un autre aspect.