POESIE,

 

Comme un vin fort et pur qui coule dans la gorge ;

Comme un vent violent sort d’un soufflet de forge ;

Ou le bruit du ressac de la mer en furie ;

Comme un souffle léger à travers les ramures;

Un cœur à partager en de tendres murmures;

Tantôt impétueux ou plein de rêverie ;

Tantôt fier et vainqueur, serein, mélancolique ,

Il est parfois savant et quelques fois naïf,

Traduit le plus souvent des sentiments intimes ;

Plaisant ou importun, moqueur ou agressif ,

Element principal de toute poétique

Le vers-pris au pluriel, évocateur de ruine-

Devient tout lumineux sous les feux de la rime

Dés qu’il est tout entier au service du rythme.

Le vers - on l’a compris- est minime ou sublime.

Pourquoi versifier si l’on n’est pas artiste ?

Peut-on se contenter d’être bon ouvrier

Au service de l’art, mais non pas un poète ?

Faut-il donc renoncer à suivre cette piste ?

Faut-il abandonner ? Faut-il se renier 

Lorsque bouillonne en soi les ardeurs de sa quête ?

En sonnet, en ballade, rondeau ou triolet

Toutes formes antiques ou d’autres moins classiques ;

Libre ou alexandrin, il doit être musique ;

Quand il est mis en chant il peut être lyrique ;

Fidèle à l’harmonie, le vers est modulé.

Et s’il n’est pas rythmé, s’il n’est pas chatoyant,

Et qu’il ne rime pas, il devient un vers blanc.

S’affranchissant des lois qu’on ne s’est pas données,

Il peut être discret, donc incommunicable.

Mais pour communiquer, il est bien préférable

De le rendre concret : c’est là sa destinée !

La poésie est faite pour être rayonnée,

Et, chez des cœurs amis, reçue avec tendresse ;

Si cela se produit aurons nous la faiblesse

De nous croire investis du rôle de poète ?

Aimer la poésie suffit à notre quête !

Champagne Le 23 avril 2002-