Mon prochain

 

Mon prochain, comme moi même… ?

En voilà un projet ardu !

Devoir l’aimer comme je m’aime ?

Penser que cela lui est dû ?

Ne sont pas choses naturelles !

Que ce soient eux, que ce soient elles ,

Sont-ils vraiment si adorables ?

Mais plutôt bien détestables,

Et peu dignes de mon amour .

Tous ces êtres, parfois bourrus,

Que je rencontre dans la rue ?

Ce guenilleux portant sa crasse

Comme on porte décoration ?

Ces avinés de basse classe

Dont je dois subir l’agression ?

Les envieux de votre place ?

Ceux qui manquent de discrétion ?

Et de bien d’autres que je passe .

De tous ceux qui mon cœur lassent .

Pas accordés sur la même onde.

Bref ! cela fait beaucoup de monde !

Et, cependant, il y a pire ;

Il y a ceux qui volent et qui pillent ;

Tous ceux qui tuent - violent les filles.

Faut-il les considérer sans rire

Comme des frères bien aimés ?

Mon cœur est là bien désarmé.

Tous ceux qui agissent dans l’ombre,

Et dont les ténébreux desseins

Arment les bras des assassins.

Tous ces individus sans nombre

Et qui rampent sur notre terre :

Qui trublionnent dans les guerres :

Vendant des drogues ou des canons :

Sont-ils mes frères, oui ou non ?

Et, sont-ils vraiment des prochains,

Tous ces êtres si inhumains ,

Qui sont aussi si lointains ?

*

Pourtant, nous le savons, nous n’avons qu’un seul père :

Et que noirs, jaunes ou blancs, nous sommes tous des frères.

Le Christ est mort pour nous en disant que l’on s’aime

Comme il nous a aimés, et, d’aimer son prochain ;

Lui porter tout l’amour que l’on a pour soi même.

Christ nous parle aussi d’un bon Samaritain,

Emu par le malheur d’un être de rencontre,

Blessé, laissé pour mort par d'odieux bandits ;

Et qu’il prit soin de lui. Le Christ ainsi nous montre

Qui est notre prochain –ce que ce mot nous dit.

Qu’il est bien loin de nous celui qui est du monde,

Et qu’il devient tout proche quand il est consacré

Par la Vérité de Celui qui féconde,

Illumine nos vies qui deviennent sacrées.

Ainsi, il est certain que l’homme est en puissance,

Même le plus abject, de devenir divin ;

Promis, s’il y consent, à une autre naissance ;

Et cela justifie qu’on aime son prochain ;

Ce qu’il sera demain ; de l’aimer en nous même,

Quand nous serons unis à Celui qui nous aime.

Eté 1995