Le doux souffle de la brise

 

Le doux souffle de la brise

répandra son musc encor ;

Le vieux monde, de nouveau,

retrouvera sa jeunesse.

L’arbre de Judée tendra

sa coupe pourpre au jasmin,

Tandis que l’œil du narcisse

contemplera l’anémone.

Après la longue douleur

de l’exil, le rossignol

En criant s’élancera

vers la tente de la rose.

Si j’ai quitté la mosquée

pour me rendre à la taverne,

C’est que l’oraison est longue

et que le temps est trop court.

Ne remets pas à demain,

mon cœur, la joie d’aujourd’hui :

Qui serait garant, demain,

de la valeur de ta vie !

La rose nous est très chère :

jouissons de sa présence,

Car elle part du jardin

aussitôt qu’elle est venue !

Ménestrel, pour ce banquet

d’amis, chante des poèmes !

Ne parle plus du passé,

ni du moment qui viendra !

Hafez est venu pour toi,

au pays de l’existence :

Fais quelques pas pour lui dire

adieu, car il va partir… !

 

ballade 160 du Divân

HAFEZ SHIRAZI