En hommage à Georges Lemaître
Il prend de multiples formes
De la naissance jusqu’à la mort :
Le bébé sait crier très fort,
Il n’est pas question qu’il s’endorme,
Tant que le sein n’est pas donné,
Et c’est le temps du nouveau-né
On croit qu’il n’en a pas conscience,
Cela nous ne le savons pas
Pour la période de l’enfance,
Quand nous avons fait des faux pas,
Nous trouvons bien trop long le temps
D’application de notre peine
En punition de nos fredaines
C’est beaucoup trop quand on attend
Le baiser qui réhabilite,
Fait oublier notre conduite.
Au-delà de l’adolescence,
Souvent le temps devient très court,
Passé à faire connaissance
De celle qui sera un jour
L’objet d’un véritable amour.
Combien est-il insupportable
Le temps passé dans les prisons
Pour des fautes impardonnables.
Dans les pays où la sanction
Amène au couloir de la mort ;
Pour un vivant quel affreux sort
De compter de longues journées,
Des mois et aussi des années
En attendant, demain, le jour
Qui sera pour lui sans recours.
Horrible temps des condamnés.
Pour l’ensemble de l’existence
Trop long, trop court, est notre temps :
On juge mal son importance
Comme il convient, car trop souvent
L’on dit : " mais, je n’ai pas te temps ! "
Si l’on s’arrange - c’est plus décent-
Et l’on voit que c’est très possible ;
Le temps n’est pas si dévorant
Si l’on prévoit l’imprévisible.
Quand vient le temps de la vieillesse,
Il est parfois interminable :
Le temps semble ne plus finir
Pour ceux qui sont dans la détresse.
Parfois les très vieux souvenirs
Qui sont parmi les plus aimables
Nous apparaissent au présent
Et sont pour nous très apaisants.
C’est notre temps psychologique
Dans le domaine scientifique
Il est autrement décrit :
Ralenti par le mouvement,
La gravité change le temps.
Si vous êtes au dernier étage
Vous pourrez allonger vos jours,
Au sol c’est un peu plus court
D’un milliardième de votre âge
A l’espace, il est phasé :
Cela s’appelle "espace-temps "
Ils sont ensemble tout le temps ;
Mais ce couple peut se briser
Quand on remonte aux origines ;
Au point où on le confine
Infinie est la gravité ;
Le temps pourrait donc s’étaler
Pour tendre vers l’éternité.
Il faut voir le film à l’envers
Pour ces débuts de l’Univers.
Est-ce bien en conformité
Avec les durées proposées
Dans cette singularité ?
La théorie est très osée,
Car on change de mécanique,
La physique devient quantique
Mais on sait que pour le big-bang
Le temps saute le mur de Kant
Pour devenir "espace-temps."
Champagne au Mont d’or Mars 2002-MP