A UN VIEL AMI MOROSE

Reprends toi, mon ami, sinon tu vas périr 
Vois, le jour est si beau et la nature en fête :
Vas, cours vers elle ; tu sais qu’elle s’apprête
Si tu veux bien l’aimer, toujours à t’accueillir
Tu l’as pourtant chérie dans ta tendre jeunesse ;
T’en rappelles-tu bien, car elle t’instruisait ?
Te souviens tu encore de ce qu’elle disait ? :
Viens là, mon cher enfant ! Fréquente mes halliers,
Mes prairies, mes sentiers, et puis je t’apprendrai
Tout ce que n’apprend pas un studieux écolier.
Mes champs sont pleins de fleurs, et, mes futaies regorgent
D’insectes colorés et de joyeux pinsons
Dont les chants se marient à ceux des rouges-gorges,
Et tu t’y griseras de couleurs et de sons.
Contemple leurs sapins aux âges vénérables
Qui se mélangent aux frênes, aux boulots aux érables..
Et quand tu fréquentais, dans mes sentiers côtiers
Eclatants de soleil, la mer toute proche :
Lorsque tu t’égarais, en son sein, sous la roche, :
Tu pouvais découvrir des êtres merveilleux ;
Enfin tout ce qui vit sous la voûte des cieux.
Les cieux aussi t’ont dit, un jour, avec tendresse,
Lorsque tu fus trahis par de fausses promesses,
A l’âge ou tu aimais, ou ton cœur s’affolait 
Regarde, mon petit, ma voûte constellée :
Goûte, au fond de ton cœur, l’étreinte qui pénètre
Et te renvoie tout droit au profond de ton être.
Te découvrant toi même, tu seras consolé,
Et tu ressentiras la diffuse existence
D’un Etre de raison, Maître de toute science,
Maître de notre vie et Maître de la mort.
Tu apprendras alors, plus, tard que ce Dieu Fort
S’est fait un petit d’homme et le plus grand Prophète.
Et plus encore un Etre aux entrailles de Père
Celui qui plein de joie, un jour, fit une fête
A son enfant perdu, maintenant retrouvé,
Qui venait à ses pieds accablé de misère.
Pour tout cela, ami, ne soit donc plus morose
Reconnais ,en leur cœur, le mystère des roses..



Le Vézenay, été 1998